Après avoir séjourné plusieurs jours à Quito, je pris la décision d’ être plus original dans le choix de mes activités et ce afin d’ être fidèle à ma devise » On ne vit qu’une fois ».
Après quelques heures de recherches, mon choix se porta sur l’escalade d’une montagne. Mon expérience dans ce domaine étant nulle, et aimant me lancer des défis pimentant va vie, mon envie se tourna dans un premier temps vers le Cotopaxi. Ce volcan, réputé pour sa difficulté , me semblait être l’aventure la plus intéressante. Mais manque de chance… Alors qu’il était bien calme depuis longtemps, il venait juste de se réactiver.Déçu, mais ne désirant pas abandonner mon projet , une autre montagne s’offrit à moi : le Cayambe. Réputée pour son ascension rude et extrême, elle était l’option de rechange idéale. Ma première expérience de gravir un sommet allait être extraordinaire… Ou pas !
Avant de me lancer dans l’inconnu, je me suis rendu à l’accueil d’une compagnie experte en escalade. J’ai menti , me présentant comme un spécialiste des randonnées en montagne ayant à mon actif plusieurs hauts sommets. Ce mensonge était nécessaire : je ne voulais pas qu’on me refuse d’atteindre mon objectif. Grosses chaussures à crampons , de multiples pantalons, des vestes spécialement conçues contre le froid, un casque, une torche, un harnais de sécurité et une piolet : je me suis vite retrouvé équipé comme dans un film hollywoodien à gros budget.
C’est le lendemain, le jour de mon anniversaire ( le 10 novembre), qu’accompagné par deux guides privés et un couple d’américains (des professionnels qui s’étaient préparés spécialement pour l’occasion) mon périple a commencé
Après de longues heures à bord d’un 4X4 , nous sommes arrivés sur un chemin rempli de cailloux. A mes yeux, il était impossible que la voiture passe. Le problème majeur? C’était la seule voie pour arriver à notre but. On aurait dit des montagnes russes : les montées étaient vraiment impressionnantes et nous avons été secoués dans tous les sens pendant un temps interminable.
Mais le spectacle en valait la peine. Arrivé au bord du Cayambe, la brume se dégageait du sommet. Le pic était , entouré de sa neige éternelle, magnifique. J’allais enfin vivre mon rêve.
Le soir tombé, après avoir mangé avec mes compagnons de voyage dans un refuge ( son altitude est plus haute que celle du Mont Blanc, la plus grande montagne d’Europe ) et y avoir dormi …deux heures, le guide principal nous annonça que nous étions prêts pour l’escalade.
A 23 heures, dans un froid intense, après m’être équipé, je partis, la lampe frontale allumée, prêt à relever mon challenge. La première étape était une petite colline… Mais je marchais avec difficulté, car à cette hauteur, je ressentais avec effroi le manque d’oxygène. Dans quoi je m’embarquais encore! C’est arrivé au pied de la glace que j’ai enfilé mes crampons, une corde me raccrochant au guide.
Et la marche continua. Dans le noir quasi absolu. Un vent glacé me fouettait le visage. Les secondes, les minutes, les heures s’allongeaient dans mon esprit : la fatigue commençait à faire son effet. La migraine s’accentuait. Mais, malgré tout…
JE VOULAIS ARRIVER AU SOMMET.
La neige était de plus en plus profonde. Je ne voyais rien autour de moi. J’étais devenu le héros d’un film… D’horreur, d’action… Je ne m’en souciais guère.
Les montées étaient terrifiantes. A mes côtés, le couple d’alpinistes chevronnés n’en pouvait plus. L’Américaine pleurait , je n’arrivais plus à respirer. C’était tellement dur. Honnêtement, j’ai cru que j’allais mourir. Mais un défi est un défi.
Enfin, le soleil commença à se lever. La vision était plus nette. A l’aide de mon piolet, je suis arrivé à monter une partie abominablement glissante. Mais l’effort était trop intense. Je suis tombé dans la neige,la corde me retenant à la vie, sous le regard du couple lui aussi épuisé.
J’étais effondré , mentalement et physiquement. Mes cheveux et mes sourcils gelaient. C’est à ce moment que les guides décidèrent de rebrousser chemin
« NON »
Je m’entendis hurler « NON ». Quand je suis à bout, quand tout s’effondre autour de moi, mon caractère est de continuer le projet. MON PROJET.
Je me suis ressaisi, et j’ai continué ma marche. Sautant au-dessus de quelques crevasses ( je ne suis pas à l’aise dans cet exercice) , longeant des chemins où le vide se trouvait juste à côté de moi, je pouvais apercevoir ma motivation : le sommet.
Sommet de 5790 mètres que je rejoignis après huit heures de souffrances.
Essoufflé, frigorifié, congelé, mais heureux. Tellement heureux. Tellement fier aussi d’avoir dépassé mes limites. Une de ces épreuves rudes qui contribuent à se forger un mental d’acier pour l’entièreté de sa vie.
a vue était spectaculaire. Au loin, le volcan Cotopaxi et d’autres montagnes. Le temps de photographier ce paysage une ou deux fois, il nous fallu redescendre rapidement.
En effet, la neige fondant sous les rayons solaires , le danger était présent. Il m’était aussi interdit de rester sur place : le manque d’oxygène peut entraîner la mort au bout de quinze minutes. Même si le trajet dans le sens inverse était magique , les paysages nous inondant de leurs beautés, la fatigue était immense. C’était au tour de l’Américain de pleurer. Quand à moi, j’ai refait connaissance de près avec le sol glacé
Une fois en bas, nous avons enfin enlevé nos crampons. Arrivés au refuge, tous les gens qui allaient s’exercer le matin nous applaudirent. Je me suis changé, et j’ai regardé une dernière fois le Cayambe. Satisfait. Mais surtout très ému. Une journée d’anniversaire réussie ! Une fois après avoir mis mes pieds dans la voiture, je me suis directement endormi .
David J. Schwarz, l’auteur de « The Magic of Thinking Big », affirmait :
« Lorsque vous croyez que quelque chose est impossible, votre esprit s’applique à y trouver des raisons. Quand, par contre, vous croyez, vous croyez vraiment, que quelque chose est possible, votre esprit vient à votre rescousse et vous aide à trouver les moyens de le réaliser ».
Cette citation est bien le résumé de mon expérience : N’ ABANDONNEZ JAMAIS.
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